L’industrie moderne est à une étape critique de son évolution. Alors que les avancées technologiques et les pratiques commerciales ont permis des niveaux de production et de prospérité sans précédent, elles ont également engendré des défis majeurs. Au cœur de ces enjeux se trouve le modèle traditionnel de la supply chain linéaire, où les ressources sont extraites, transformées en produits, puis jetées après utilisation, créant ainsi un cycle de consommation – trop – soutenu et une quantité de déchet difficile à gérer.
La robustesse de la supply chain est par ailleurs mise à l’épreuve face à des perturbations imprévues (pandémies, catastrophes naturelles, … ) ou encore l’indisponibilité de matière première.
A cela s’ajoutent :
- des consommateurs de plus en plus conscients de l’impact environnemental et social de leurs choix d’achat
- des candidats à l’emploi qui accordent toujours plus d’importance aux pratiques éthiques et durables des entreprises, compliquant ainsi la capacité à attirer et fidéliser les talents
- des critères de financement qui évoluent, avec un nombre croissant d’investisseurs et d’institutions financières intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement
Enfin, l’évolution des lois et des réglementations pousse l’industrie à changer de modèle, avec l’introduction de mesures pour encourager ou contraindre les entreprises à adopter des pratiques plus durables, telles que la CSRD en Europe ou la loi AGEC en France.
Face à l’ensemble de ces défis, il devient impératif pour les industriels de repenser leur modèle et d’adopter une approche plus holistique et durable, intégrant les dimensions économiques, environnementales et sociales du développement.
C’est en ce sens qu’Advents développe de nouvelles offres d’accompagnement pour aider les acteurs de l’industrie à se transformer en profondeur. La série d’articles qui suit vous permettra de vous familiariser avec le modèle de l’industrie durable avant de profiter des retours d’expériences de nos clients.
Qu’est-ce que l’industrie durable ?
L’industrie durable est un modèle économique qui vise à répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il répond à l’ODD n°12 de l’ONU qui nous invite à « faire plus et mieux avec moins ».
L’industrie durable répond également à un enjeu de décarbonation qui, en analysant les chiffres fournis par l’ADEME, repose à 60% sur l’optimisation du mix énergétique et à 40% sur le développement modèles circulaires. Elle repose également sur les principes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), en veillant à respecter les droits des collaborateurs et des partenaires, à promouvoir la diversité et l’inclusion, et à contribuer au développement des communautés locales.
Contrairement au modèle industriel actuel, l’industrie durable se distingue par son approche axée sur la durabilité performante à long terme plutôt que sur les gains à court terme, tout en intégrant les coûts externes tels que l’impact environnemental et l’épuisement des ressources dans ses décisions marketing, de conception, opérationnelles, logistiques et commerciales.
Pour ce faire, elle privilégie la transition d’une supply chain linéaire, caractérisée par un modèle « extraire, fabriquer, jeter », vers une supply chain circulaire.
Cette dernière repose sur 6 piliers :
- La durabilité des ressources
- L’extension de la durée de vie des produits
- La vente d’un usage plutôt que d’un produit (Product as a service)
- Le réemploi des produits finis
- Le réemploi des composants et de la matière
- La réduction de l’empreinte environnementale
En somme, l’industrie durable représente une évolution du modèle industriel actuel, qui se veut plus respectueuse de l’environnement, plus équitable et garantissant une prospérité à long terme.
Impacts sur les flux, développement de l’économie circulaire
La transition vers une industrie durable engendre une (r)évolution importante des activités des entreprises et de son modèle vers une économie circulaire.
Dans l’objectif d’allonger la durée de vie des produits, de préserver la matière, et de créer de la valeur, les opérations évoluent pour adopter le modèle des 3R :
- Réduire, la quantité de produits et de matière arrivant en fin de vie. Cet objectif passe par des logiques d’éco-conception, de réparation, mais également des efforts de maintenance et d’excellence opérationnelle (sujets dont nous vous reparlerons prochainement)
- Réutiliser, tout ou partie de la matière. En faisant évoluer la proposition de valeur de l’entreprise par des démarches de reconditionnement, d’upcycling ou encore de désassemblage afin d’adresser « un marché de composants »
- Recycler, les matières premières et les composants
Dans un système économique circulaire, qui intègre une ou plusieurs de ces opérations, la création de valeur est forte. Selon une étude de la Fondation Ellen MacArthur, SUN et McKinsey, dans le modèle circulaire, le PIB européen pourrait croître de 11% d’ici 2030 et de 27% d’ici 2050, contre respectivement 4 et 15% dans le modèle linéaire.
Cette évolution de modèle affecte tous les niveaux de la chaîne de valeur. Afin que les opérations citées plus haut puissent être économiquement viables, il est indispensable de faire évoluer tous les macro processus de la supply chain, comme la planification, la logistique (inverse) et la gestion des stocks.
Impacts sur l’organisation, évolution interne et externe
L’engagement sur la voie de l’industrie durable entraine un véritable changement de paradigme et de culture d’entreprise pour la plupart des entreprises. La logique sur laquelle elle repose représente une réelle opportunité de faire adhérer l’ensemble des acteurs (interne et externe) vers un objectif commun et porteur de sens. Lorsqu’on sait que le secteur de l’industrie peine à séduire les jeunes talents et que 71% d’entre eux se disent prêts à refuser un poste dans une entreprise qui manque d’engagement social/environnemental, le concept d’industrie durable se révèle être une réponse pertinente aux problématiques de recrutement et de fidélisation des talents.
Au-delà des intérêts stratégiques, cette transition impose des changements profonds de l’organisation, tant en matière de gouvernance qu’en management des opérations internes. Entre la gestion des nouveaux flux et l’évolution des processus existants, les entreprises doivent se donner les moyens de relever ces défis humains et organisationnels.
L’évolution ne se limite d’ailleurs pas au seul contexte interne. En effet, avec l’industrie durable, l’entreprise est à considérer dans sa globalité, en étant davantage connectée à son environnement externe. Dans une logique de partage de pratiques, méthodes et valeurs communes, elle doit structurer un écosystème et intégrer ses parties prenantes à son activité. Cela passe par la mise en place de nouveaux critères, qu’ils soient liés au respect des normes environnementales, à la valorisation de la richesse humaine ou à la qualité et à la transparence des produits. Ceci aura forcément un impact sur ses partenaires historiques qui devront s’adapter au risque de voir entre de nouveaux acteurs.
Impacts sur les technologies, adaptation des outils et de l’utilisation de la data
Pour soutenir ces changements, l’implémentation de technologies innovantes peut s’avérer très efficace et une adaptation des outils existants est souvent nécessaire.
Lorsque nous évoquons l’utilisation de nouveaux outils, nous pensons par exemple aux solutions de calcul bilan carbone, très utiles en phase de diagnostic pour une entreprise qui souhaite entamer une transformation globale. Un type de solution que nous vous présentons dans le second article de cette série.
Côté adaptation, il est donc indispensable de faire évoluer les systèmes d’information en place pour intégrer et piloter l’ensemble des flux et des activités, que ce soit directement au niveau de l’ERP ou encore dans les outils connexes. A titre d’exemple, l’APS se voit intégrer de nouveaux flux et sources matières entrantes (issues de boucles circulaires), devant être intégrés à la planification, et être en phase avec le MES pour piloter et optimiser les nouvelles activités en usine.
L’évolution des outils doit également contribuer à améliorer la traçabilité en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement pour garantir la provenance, la destination et la collecte de la matière. Nous verrons d’ailleurs dans un second article, comment l’un de nos clients a fait évoluer son système d’information pour répondre à une problématique de traçabilité.
Dans un modèle circulaire, il est primordial d’améliorer la gestion de la data en favorisant sa collecte, sa qualité et son ouverture à l’écosystème des partenaires. Cela permet de promouvoir des standards élevés en matière de qualité et de référentiels communs, on parle d’interopérabilité de la donnée.
Que retenir ?
La transition vers une industrie durable transforme donc en profondeur l’ensemble de l’entreprise et de son environnement. Elle implique non seulement sa supply chain, en introduisant des pratiques circulaires et responsables, mais aussi ses systèmes d’information, qui doivent s’adapter pour gérer de nouveaux flux et assurer une meilleure traçabilité. Cette évolution touche également l’organisation interne, exigeant une révision des processus et de la gouvernance pour intégrer les principes de durabilité. C’est donc un changement global de modèle.
Après cette entrée en matière sur ce sujet à forts enjeux, nous vous proposons de poursuivre la lecture avec un deuxième article dédié à des missions réalisées dans le but d’y répondre 👉 Comment répondre aux enjeux de l’industrie durable ?
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